Oyonale - Créations 3D et expériences graphiques
PosterLe livre des commencementsCités étonnéesInformation sur l'imageNouillorque (or) Nouillorque (vert)

Nouillorque (bleu)
Nouillorque (bleu)


Un beau boulot de peinture, avec reflets métalliques et paillettes. Et des enjoliveurs dorés. Je viens de me payer la bagnole de rêve de tout travailleur social, de quoi impressionner les érémistes. C'est même fait pour, officiellement. Je vais faire ma tournée maintenant, pour être sûr qu'ils me montrent le respect dû à ma fonction. Ils savent bien comment c'est. Je me pointe, j'écoute leurs histoires pitoyables, la gamine bousculée par son père, tous deux shootés à la colle, le vieux qui peut plus bosser because cancer. Et qu'est-ce que je fais ? Je les sauve ! Un toxico arrête de cogner les ancêtres grâce à mes efforts diligents ? J'ai une prime. Le taux de criminalité baisse, une prime. Personne ne saute d'un toit pendant deux mois d'affilée, une prime. Chaque fois que quelque chose de modérément positif arrive dans ma zone, moins de boîtes à lettres cassées, par exemple, j'ai une prime. En décembre, je passe haut la main mon évaluation annuelle, et j'ai droit à une augmentation. J'ai un salaire à 7 chiffres. Nous, les travailleurs sociaux, sommes les Maîtres de l'Univers. Ma copine est infirmière à Sainte-Claire. Aucune mort naturelle, une vraie zone de guerre, que des blessures par balle. Elle a une prime pour chaque flaque dégueu qu'elle doit nettoyer, et les plus crades paient le mieux. Avant qu'on emménage ensemble, elle avait son propre duplex sur l'Avenue. Plus, à 22 ans, des seins et des lèvres refaits à neufs, et deux liftings. Et un petit Picasso, racheté, c'est amusant, à un de mes protégés, un courtier en matières premières que j'ai sorti à grand peine de la rue et de la tôle. Le pauvre type volait haut avant que le monde se mette à changer. Maintenant, il passe ses nuits et ses jours à acheter des cargos de zinc ou de soja pour d'autres paumés, et peut à peine se payer le trou puant dans lequel il végète. Il se sent inutile, piégé à vie dans un boulot de nul. Il y a de quoi déprimer en le voyant, mais le travailleur social est heureusement