Au c'ur de la ville en existe une seconde, secrète, dont les frontières sont floues. Vous y entrez sans le savoir, sans le sentir, car cela prend du temps, et le temps, en ces lieux, s'écoule lentement, selon une loi sinusoïde tendant vers l'asymptote. Ce cheveu blanc sur votre tempe refuse de tomber. Cette grosseur sous votre peau arrête sa croissance. Et un jour, en descendant un escalier, en vous mirant dans la vitrine d'un marchand de vins, vous réalisez que votre visage reste le même, que l'architecture est flambant vieille, que les gens vous parlent d'une voix nasillarde, que la réclame se fait sur des produits fanés, et que seules des stars mortes semblent avoir droit de cité. Mais cela est si naturel, si vrai, si différent du cinéma où les accessoires d'époque font tellement d'époque, que vous êtes à l'aise. Vous pensez que le monde a toujours été ainsi. Vous imaginez le futur comme un endroit lumineux où les gens mangent des pilules et travaillent en pyjamas dorés. Le futur ne vous manque pas. Le processus vous fait fusionner avec le passé, qui devient votre présent, et vous voilà perdu pour votre monde. Comprenez-vous, ma fille, pourquoi